Les projections

Un mécanisme de défense qui sabote nos relations aux autres.

Définition -projection- de Carl Jung 

La projection est comme une transposition inconsciente, non intentionnelle, et non perçue, d’un état psychique subjectif vers le dehors, sur un objet extérieur. On voit quelque chose qui en réalité n’y est pas ou n’y est que très peu.

 

Jung parle de l’objet extérieur choisi comme d’un crochet, sur lequel celui qui projette, y accrocherait sa projection comme on suspendrait un manteau à une patère.

 

Une projection, c’est donc transposer quelque chose qui est en soi sur/chez autrui. On va voir chez l’autre ce qui est en réalité ce qu’on ne reconnaît pas en soi ; c’est dû la majeure partie du temps au fait que cela nous est très difficile, voire insurmontable de se confronter à ce qu’on est vraiment, à ce que l’on ressent, qui nous est très désagréable ou insupportable. A savoir que nous pouvons aussi bien projeter des aspects positifs que négatifs, tant qu’ils nourrissent notre perception (erronée) afin de ne pas déstabiliser l’histoire qu’on se raconte et donc notre soi.

 

C’est un mécanisme automatique inconscient, de l’ordre de la pulsion, qui impacte et entrave les relations interpersonnelles. Ce mécanisme est largement répandu, il est donc fort probable que vous en souffriez à plus ou moins haute dose, comme tout le monde. Ceux qui n’en souffrent plus, sont ceux qui ont choisi de se prendre en charge. C’est donc à vous de choisir qui vous souhaitez être, et ce que vous êtes prêt à faire pour le devenir.

 

Seule la prise de conscience de soi permet d’enrailler ces comportements nuisibles pour l’autre, mais avant tout pour soi-même, puisqu’ils affectent nos relations, jusqu’à la destruction parfois.

 

En pratique, il s’agit de ne plus parler sous le coup de la pulsion. Tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de parler est un bon début pour apprendre à ralentir, voire éviter la sortie de paroles inappropriées. Le but est de réfléchir avant de parler, de se demander quelle est notre intention réelle, ce que l’on souhaite vraiment, afin de se donner les moyens de nos objectifs.

 

Certains diront que réfléchir avant de parler manque de spontanéité. Peut-être… Mais vaut-il mieux être maître de ses mots (maux) ou cracher tout ce que la pulsion nous dicte ?

 

Dans un cas vous maitrisez la pulsion, dans l’autre cas, c’est la pulsion qui vous maitrise.

 

Cela se résume à voulez-vous être le maitre à bord ou voulez-vous vous subir et être soumis à une pulsion ?

 

Le deuxième réflexe à adopter est l’utilisation privilégiée du -JE-. Dire -JE- nous responsabilise inévitablement de nos paroles, et limitera les projections directes du type « tu es [….] ». Mais cela n’éliminera pas les projections indirectes du type : « je choisis de partir, parce que je pense que je te dérange » même si en réalité ce n’est pas le cas. Dans cet exemple, on est censé choisir de partir parce qu’on le souhaite, ou parce qu’on nous l’a demandé explicitement et non par hypothèse/croyance/supposition qui n’existe que dans notre esprit. La conscience de soi exigerait qu’on est conscience de supposer qu’il faille partir sans en être sûr, sans que cela soit fondé sur des faits, et de prendre la responsabilité de partir parce qu’on le croit et non parce que c’est nécessaire. En résumé de ne pas dire : « je suis parti parce que je le dérangeais », mais « je suis parti parce que j’ai estimé que je le devais ».

 

Tant qu’on accuse les autres de tous nos maux, des situations dans lesquelles nous sommes, des choses malheureuses qui nous arrivent, c’est sûr qu’on ne se voit pas se subir, puisse qu’on pense subir ce qui est extérieur à soi. Toute la mécanique est là. C’est parce qu’on n’a pas conscience de se subir, de se maltraiter, de se nier, de ne pas se respecter, de se violenter qu’on croit profondément que ce sont les autres qui nous le font. Et qu’on doit donc s’en protéger. La projection est un mécanisme d’auto-défense. D’auto-défense de quoi ? De ressentir ce qui nous est insupportable.

 

Par exemple :

Reconnaitre que quelque chose n’a pas marché à cause de soi peut être quelque chose d’insupportable. Donc plutôt que d’être responsable d’un échec (et d’essayer de comprendre au passage quelque chose) on préfère trouver un bouc émissaire. Parfois il s’agit d’une personne, mais cela peut être un objet (l’objet était défaillant) ou la situation (ce n’était pas le bon moment) bref…

 

On se racontera et on racontera à qui veut l’entendre une histoire qui permettra à la dure réalité de se transformer en quelque chose de plus plausible et acceptable pour soi-même. Cela nous protègera de devoir nous confronter à nous-même et à notre responsabilité dans le résultat qui nous insatisfait, parce que notre sentiment intérieur qui n’est pas reconnu est l’insatisfaction de soi, auquel peut s’ajouter un comportement autodestructeur qui nous dénigrera ; comme cette petite voix à l’intérieur de soi qui dit : « T’es vraiment nul, t’es qu’un bon à rien, t’y arriveras jamais » etc…

 

Mais on fait comme si de rien n’était, en imaginant naïvement que ça va nous aider, alors que c’est tout le contraire. Plus on nie la réalité, plus on se nie, plus on crée de la souffrance et plus on souffre, plus on fait appel à la projection comme (faux) moyen de défense, et plus on crée encore et encore de la souffrance.

 

Se protéger vraiment serait davantage d’apprendre à se voir, à se connaître pour ne plus être soumis à nos pulsions, pour ne plus se subir et devenir enfin maître de soi, et maître de sa vie, pour la diriger dans le sens que l’on souhaite, plutôt que d’atterrir malgré nous là où nous sommes ; c’est-à-dire là où l’on croit que la vie et les autres nous ont mis, puisqu’on n’est pas responsable de ce qui nous arrive. Et vous connaissez le fin mot de l’histoire, si on n’est pas responsable c’est qu’on est victime. Une victime impuissante et irresponsable, qui subit inlassablement les choses et les autres. La vie doit être dure vue sous cet angle…

 

De l’inconscience à la conscience

Les projections sont donc la conséquence de l’inconscience de soi, voire d’un déni de soi. La prise de conscience de nos projections va de pair avec la prise de conscience de soi. L’un ne va pas sans l’autre. Nous n’avons pas une conscience totale de soi, même lorsqu’elle est développée, certains se connaissent mieux que d’autres, mais jamais totalement. Tout l’intérêt de la vie est la multiplication des expériences, cela nous permet de nous enrichir, de nous transformer et de nous découvrir chaque jour un peu plus, si nous avons le courage de sortir de notre zone de confort de temps à autres pour explorer le monde extérieur et intérieur de notre être. C’est pourquoi agir sur une projection dont on a pris conscience, n’exclue pas que nous soyons encore capables de projections à l’avenir. Parce qu’avoir découvert une partie de soi ne signifie pas que nous sachions tout de nous. Mais il est sûr qu’entrer dans un processus de conscience de soi vous permettra de moins projeter que la moyenne des gens, et d’être aussi en meilleure capacité de gérer celles d’autrui.

 

Je vous encourage à entrer dans cette démarche de connaissance de Soi, si vous souhaitez développer et améliorer vos relations intra et interpersonnelles.

 

Inscrivez-vous pour recevoir directement nos nouveaux articles par mail.

Loading

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *