Pourquoi batailler ? Et si on cessait…

L’inconscience de Soi

 

Dans ma jeunesse, il y a quelque chose qui me faisait particulièrement défaut dans mes relations et échanges aux autres, c’était de toujours monter au créneau. C’est-à-dire que mon hypersensibilité faisait que tout me tenait à cœur, tout me touchait… Et dès que j’avais une opinion (bien tranchée) sur un sujet, je bataillais pour convaincre, voire imposer ma vision des choses.

 

Je pourrais vous dire que :

  • J’avais les meilleures intentions du monde,
  • Je savais ce qu’autrui ignorait,
  • J’avais raison,
  • Je pensais leur rendre service, en les rendant moins bête…

Et tellement d’autres choses encore, qui venaient justifier ou motiver mon besoin irrépressible de l’ouvrir « grand ». Pourtant, j’observais encore et encore que cela ne me servait pas.

 

Je passais pour :

  • Une Madame « je sais tout »,
  • Une donneuse de leçon,
  • Une mère la morale,
  • Une détentrice de la bien-pensance,
  • Une personne hautaine, voire méprisante…

Je ne me voyais pas du tout être comme ça, ça ne me ressemblait pas, je ne me reconnaissais pas dans leurs propos et jugements, et ça me blessait profondément. C’était hors de mon champ de compréhension d’imaginer que les gens préféraient être ignorant, ou dans l’erreur, plutôt que d’apprendre et de s’élever.

On se raconte tous une histoire pour justifier nos actes…

 

J’étais curieuse, avide de savoir et de compréhension et quand quelqu’un m’expliquait quelque chose, j’avais tendance à écouter pour réfléchir et m’enrichir. Bon ça c’était moi, et je n’étais manifestement pas comme les autres, bien qu’à l’époque, je croyais encore qu’on était tous pareil. D’ailleurs pourquoi j’ai cru ça si longtemps, alors que les différences m’explosaient constamment au visage, cette question fera peut-être l’objet d’un autre article….

Toujours est-il que j’avais une grande difficulté à comprendre comment ces « conflits » arrivaient. Je ne voyais pas le mal à défendre mes idées. Pour moi, m’opposer était davantage un jeu de l’esprit, qu’une volonté réelle de convaincre ou « convertir » qui que ce soit à mes pensées. Mais fallait bien admettre que j’étais la seule à m’amuser, et que le jeu déviant rapidement, cela tournait vite au vinaigre…

J’ai donc cocréé, pour ne pas dire « cultivé », ces situations pendant des années. Ça ne m’a pas aidé pour être appréciée et créer des relations. Je ne comprenais pas, je souffrais, et puis le con, c’était forcément l’autre.

 

« On est toujours le con d’un autre »

 

Un début de piste… Analyse…

 

Je crois que quand on veut « informer » quelqu’un de quelque chose, si on est dans l’erreur, d’une certaine façon, ça passe, parce que cela ne met pas l’autre en difficulté. Mais quand vous « touchez juste », cela met constamment les autres en difficulté, face à leur défaut, leur manque, leur bêtise, leur ignorance, leurs erreurs…. Et donc finalement être le messager d’une quelconque « vérité », avec une capacité de compréhension sociale complètement atrophiée, fait de vous un être détestable ; comme le porteur de mauvaises nouvelles, comme un prédicteur de mauvaise augure… Je n’avais pas du tout conscience de tout cela. Je ne me voyais pas, je voyais l’autre, mais je ne comprenais pas, étant donné qu’il ne me ressemblait pas. Et quand vous observez un problème sans en comprendre la mécanique, et bien vous ne savez pas comment le résoudre ; Vous êtes juste un spectateur impuissant de ce qui se joue.

 

« Mais Toi, tu es toujours parfaite !!! Tu as toujours raison !!! » (Tu…Tu es…Tu…Tues…)

 

Un jour, dans un de mes livres de développement personnel (je ne sais plus lequel c’était) une question s’est imposée à moi, qui en a entraîné d’autres :

  • Pourquoi était ce si important que j’ouvre la bouche ?
  • Pourquoi était ce si important que je dise ce que je pensais ?
  • Pourquoi je le faisais ? puisque j’avais 9 chances sur 10 que ça se termine mal. 
  • Comment arrêter de faire quelque chose dont on n’a pas conscience ?

Prise de conscience

 

En réalité, dès lors que cette réflexion était née, la graine de la conscience commençait à germer. Je ne savais pas encore pourquoi je faisais ça, mais j’ai tout simplement décidé d’arrêter.

J’ai donc arrêté de monter au créneau, de combattre, de dire ce que je pensais, juste pour voir ce que cela faisait, à moi et aux autres.

Observation et Introspection

 

Alors c’était sans aucun doute moins… comment dire… c’était plus ennuyeux, plus plat… J’ai découvert à travers cette expérience, combien j’étais profondément en colère après la terre entière et que je me servais de mes « dons » à mauvais escient.

Me taire ne changeait rien au fait de mon hyper-conscience, de ma capacité d’anticipation, de mes facultés de prescience, ou de mon intuition… Mais cela mettait en exergue d’une certaine façon mon besoin de faire « taire l’autre ».

 

Quand on est constamment mal « jugé », incompris et violenté par le monde extérieur, il est possible de baisser la tête et de prendre les coups, ou de se défendre. Mon caractère rebelle et résilient a fait que je me suis défendue avec mes prédispositions à lire l’invisible. Et je ne me voyais pas rabaisser l’autre, mais inconsciemment c’est ce que je faisais. Et je me cachais derrière toutes mes bonnes intentions… Un beau paravent pour faire croire que la posture de celui qui sait est plus honorable que celle de celui qui ne sait pas…

« L’enfer est pavé de bonnes intentions »

 

Intelligence sociale et humaine

 

Il n’y a aucun honneur à écraser quelqu’un de « faible ». Cela peut paraître méprisant de dire que l’autre est « faible, bête, ignorant, inconscient ». Quand on est dans le jugement de valeur, oui c’est un problème. Mais quand on est uniquement factuel, en admettant une donnée comme une autre, c’est plutôt une question de bon sens et de bienveillance.

 

Un nourrisson est vulnérable, on est tous d’accord. C’est facile de lui faire du mal. Mais le bon sens, le respect, l’intelligence humaine et sociale nous permettent d’en prendre soin, parce qu’il est vulnérable. Et bien les relations humaines, c’est pareil. Il y a des moments où nous sommes celui qui est vulnérable, et des moments, où nous sommes celui qui est fort. Et c’est notre aptitude à considérer ce qui est, et à faire preuve de discernement sur soi, sur l’autre et sur la situation, qui nous permet d’évaluer quelle posture adopter.

  • Sommes-nous le fort qui jouons le faible ? = Fausse modestie par exemple
  • Sommes-nous le faible qui jouons le fort ? = Bluff, avec le risque d’être un bon ou mauvais bluffeur et ses conséquences…
  • Sommes-nous le faible qui jouons le faible, ou le fort qui jouons le fort ? = Jouer son rôle
  • OU Avons-nous cessé de jouer le faible ou le fort pour devenir juste l’ÊTRE humain ?

 

Quand vous êtes en position de force, il n’y a aucun honneur à gagner. N’importe quel sportif de haut niveau vous dira qu’il préfère gagner contre un adversaire plus fort que lui, que de gagner face à un adversaire amoindri et blessé. On ne gagne vraiment qu’à travers l’effort, le courage et le dépassement de Soi.

 

Si vous êtes le fort et que vous enfoncez quelqu’un déjà à terre, il n’y a aucune gloire. Et c’est exactement dans ces moments là qu’on voit si quelqu’un est fort et intelligent humainement parlant. Car, face à quelqu’un de vulnérable, vous avez le choix de lui mettre le nez dans sa merde ou de lui tendre la main.

Faire la Guerre ou Faire la Paix

 

Dans la notion de guerre, il y a la notion de paix ; elles sont intrinsèquement liées, elles sont les 2 faces d’une même pièce. Il y a la guerre parce qu’il n’y pas la paix. Et on ne part pas en guerre quand on est en paix. Partir en guerre coûte beaucoup d’énergie, et gagner la guerre ne rend pas l’énergie dépensée.

 

Partir en guerre à l’extérieur, avec les autres, est le symptôme d’une guerre qui vit d’abord à l’intérieur de Soi.

  • Quand on sait qu’on a raison ; pourquoi avons-nous besoin que l’autre le sache ? Si ce n’est pour nourrir un égo blessé dont l’autre n’est pas responsable.
  • Quand nous savons quelque chose, que l’autre n’entend pas ; pourquoi insister ? Pour gagner quoi ? Pourtant, je suis sûre que soit vous avez déjà été la victime, soit vous avez déjà été le bourreau… C’est tellement humain de jouer les bulldozers.
  • Quand vous jugez votre idée, comme étant la meilleure : pourquoi avez-vous besoin que l’autre adhère ? Bâtissez-vous une secte ? 
  • Quand vous pensez quelque chose sur quelqu’un ; pourquoi dégueulez-vous à tout-va vos jugements ? Qu’est que cela vous apporte ? Qu’est ce que cela apporte à l’autre ? Vous ne vous voyez pas mettre le feu aux poudres ?

Il y a tant de façons de déclencher la guerre. 

 

Et donc ce qu’il faut retenir de tout ça, c’est qu’il vous appartient de partir en guerre ou pas. Mais quand vous le faites, demandez -vous POURQUOI ? Et si vous ne savez-pas pourquoi vous montez au créneau sur tel sujet, avec telle personne, ou dans telle situation et bien arrêtez. Parce que les seules batailles qui méritent d’être menées, sont celles qui prennent source dans notre cœur, dans notre âme, et qui défendent des projets bien plus grands que nous-même.

 

« Choisis tes batailles. Parfois, il vaut mieux avoir la paix qu’avoir raison. »

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