Penser avec Sagesse    

Compte rendu d’interview d’Igor Grossman (psychologue-chercheur à l’Université de Waterloo – Canada) au sujet de ses recherches sur la sagesse – Psychomédia

 

La sagesse implique certains aspects de la pensée qui permettent l’application des connaissances pour faire face aux défis de la vie. Selon Igor Grossmann, les recherches dans différents domaines de la psychologie suggèrent que la capacité de raisonner avec sagesse varie considérablement suivant les contextes rencontrés au cours de la vie.

 

Les contextes où la personne est centrée sur elle-même inhiberaient la capacité de penser avec sagesse. La sagesse n’est pas seulement une « qualité intérieure », explique-t-il, mais se déploie en fonction des situations dans lesquelles les gens se trouvent. Certaines situations sont plus susceptibles de promouvoir la sagesse que d’autres.

 

Définir la sagesse est un défi, mais Grossmann et ses collègues ont identifié quatre caractéristiques clés d’un raisonnement sage :

 

  • L’humilité intellectuelle ou la reconnaissance des limites de ses propres connaissances ;
  • L’appréciation de perspectives plus larges que le problème en cause ;
  • La sensibilité à la possibilité de changement dans les relations sociales ;
  • Le compromis ou l’intégration de différentes opinions.

 

La sagesse est généralement vue comme une utilisation compétente des connaissances et de l’expérience pour améliorer son propre bien-être et celui des autres.

 

Alors qu’est-ce qui distingue une personne capable d’être sage d’une personne moins capable ? Plusieurs dimensions (ou composantes) de la sagesse ont été proposées :

 

1. L’expérience

Il n’y a pas de sagesse sans expériences riches et variées. Les expériences nécessitant la résolution de choix difficiles, celles qui concernent les transitions de vie, celles qui exposent à de mauvais côtés de la vie (ex. la malhonnêteté) favorisent particulièrement le développement de la sagesse. La nature des expériences étant importante, la sagesse n’est pas automatiquement liée à l’âge.

 

2. La régulation émotionnelle

La sensibilité aux affects et la régulation des émotions sont des éléments clés de la sagesse. L’exposition à un large spectre des émotions humaines, leur régulation appropriée, la capacité de distinguer des émotions subtiles et mixtes, une acceptation et une ouverture aux états affectifs positifs et négatifs, et l’utilisation constructive des émotions contribuent à la sagesse.

 

3. La prise de recul

La réflexion évaluative sur son passé et son présent aide à la formation et au maintien de l’identité, à la compréhension de ses points forts et ses points faibles, à la résolution de problème, à l’adaptation face aux difficultés et au développement d’une plus grande perspective concernant l’avenir.

 

4. L’ouverture

Puisque les problèmes sont déterminés de façon multiple, l’ouverture à des idées, à des informations et des solutions potentielles alternatives optimise les efforts d’une personne pour surmonter les obstacles de manière efficace.

 

5. L’humour

Certains travaux suggèrent que la personne sage reconnaît, apprécie et utilise l’humour dans une variété de contextes et à des fins nombreuses. Certains types d’humour favorisent la reconnaissance de l’ironie, la réduction du stress pour soi et pour les autres et les liens sociaux. Pratiquer l’autodérision est signe de sagesse.

 

L’une des façons les plus fiables pour penser sagement dans les décisions quotidiennes, est d’examiner les scénarios du point de vue d’un tiers, comme si l’on donnait des conseils à un ami. La recherche suggère que lorsque nous adoptons un point de vue personnel, nous nous concentrons sur les caractéristiques focales de l’environnement, et lorsque nous adoptons un point de vue d’observateur, nous raisonnons plus largement et nous nous concentrons davantage sur les idéaux interpersonnels et moraux tels que la justice. Regarder les problèmes de ce point de vue plus large semble favoriser les processus cognitifs liés aux décisions « sages ». Se décentrer de soi permet un tableau plus large et une perspective conceptuelle de l’expérience.

 

Nous pourrions être portés à associer la sagesse à l’intelligence ou à des traits de personnalité particuliers, mais les recherches ne montrent qu’une faible relation entre ces aspects.

 

Il est remarquable d’observer combien la sagesse des gens peut varier d’une situation à l’autre et à quel point les effets contextuels sont plus forts pour comprendre la relation entre la sagesse des jugements et les résultats sociaux-affectifs, que les traits généralisés (personnalité, intelligence…). C’est-à-dire que savoir à quel point une personne se comporte sagement dans une situation donnée est plus instructif pour comprendre ses émotions ou, par exemple, sa susceptibilité de pardonner ou de se livrer à des représailles, que de savoir si elle peut être sage en général.

 

La sagesse est l’une des vertus de la psychologie positive.

Tendre vers plus de sagesse afin de s’élever peut être source de Mieux ÊTRE.

 

Inscrivez-vous pour recevoir directement nos nouveaux articles par mail.

Loading

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *