L’intelligence est-elle un talent ?

Intervention de Samah KARAKI - Neuroscientifique

La vidéo que je vous présente, a pour titre : « L’intelligence n’est pas un talent inné ».

Et je dirai même plus, l’intelligence n’est pas un talent, tout court ; en tout cas, de mon point de vue.

 

Avant de vous partager cette vidéo, j’en ai regardé d’autres pour mieux connaître l’intervenante, Samah Karaki. Et si je trouve qu’elle dit suffisamment de choses intéressantes pour avoir envie de vous les relayer. Je dois bien reconnaître ne pas être d’accord avec tout.

 

Quand vous naissez avec un cerveau qui va plus vite, parce que plus de connexions neuronales, plus de matière grise, et plus tout un tas d’autres choses (surexcitabilité sensorielle,  maturation physiologique du cerveau plus élevée, traitement de l’information de type analogique etc…). Nous pouvons au moins reconnaître qu’il y a un outil, des prédispositions innées, sans parler de talent, qui confèrent à l’individu une base, un potentiel plus élevé que chez celui qui ne naît pas avec ce package.

 

Après je peux rejoindre ses propos sur le fait que l’environnement va jouer un rôle essentiel et primordial dans l’usage et le développement de l’outil « cerveau » de l’individu. Mais là encore, en ce qui me concerne, je ne parle ni d’intelligence, ni de talent, mais uniquement d’une base, d’un potentiel inné.

 

J’ai rencontré suffisamment de personnes à haut potentiel bousillées par la vie, pour savoir qu’un potentiel ne garantit rien du tout.

 

De même que de nombreuses personnes qui ne sont pas à haut potentiel, grâce à l’intelligence, et de leur environnement et de leur personne, ont su construire une vie « avec intelligence et dans l’intelligence ».

 

Dés qu’on parle d’intelligence, la première question à se poser reste : Qu’est-ce que l’intelligence ? Et si l’on considère qu’il existe plusieurs intelligences ; De qu’elle intelligence parlons-nous ? Et est-ce que les intelligences, dîtes « académiques » sont celles qui nous permettent d’être véritablement intelligent ? 

 

2 éléments viennent démontrer de quelle façon l’intelligence est bien plus complexe, que ce à quoi on la réduit en général.

 

  • La découverte de la plasticité du cerveau a permis de mettre en exergue que l’on peut apprendre tout au long de la vie, à condition de s’exercer. Il fût un temps, on croyait et on disait qu’à partir d’un certain âge, on ne produisait plus de nouveaux neurones, on perdait nos neurones et on ne pouvait plus apprendre.

 

  • La découverte de l’épigénétique a mis en valeur l’importance de l’environnement et de son influence sur l’individu, dans la mesure où l’environnement impacte nos gênes et leur mutation. Hors nos gênes participent à notre équilibre physiologique, biologique et par voie de conséquence à notre équilibre psychique. Quand votre corps dysfonctionne et qu’il entrave par exemple votre production ou votre usage de la sérotonine (hormone du « bonheur ») qui est également le neurotransmetteur précurseur de la mélatonine (hormone de la régulation du sommeil), vous pouvez déjà entrevoir de quelle façon votre humeur et votre état de fatigue va jouer sur votre équilibre psychique, impactant vos capacités et aptitudes à gérer le stress, à vous concentrer et donc à réfléchir et à construire tout type de raisonnement ou de pensée critique.

 

En cela le développement de l’intelligence est la somme de plusieurs facteurs, et non, en effet, un quelconque prédéterminisme biologique. Mais si tout ne repose pas sur l’outil qu’on possède à la naissance, il n’en demeure pas moins que naître avec une Ferrari, à la place d’une 2CV, en place de cerveau, confère un avantage hypothétique et plausible.

 

Quand à l’environnement social, auquel est souvent associé la notion d’éducation. Je crois qu’on mélange à tort éducation et instruction. L’éducation est le rôle des parents et non de l’école. Et l’école doit instruire, mais instruire quoi ;  le contenu est discutable sans aucun doute. On peut avoir un « statut social » élevé et avoir une éducation moyenne. On peut avoir une statut social « pauvre » et avoir de l’éducation. Je comprends que l’on puisse réduire la pauvreté à l’incapacité d’éduquer. Mais en faire une généralité c’est créer un prédéterminisme, ou un lien de cause à effet, qui n’en n’est pas réellement un, si là aussi on accepte de se demander ce qu’ont en commun les parents qui éduquent leur enfant et ceux qui ne le font pas. Est ce que cela se résume vraiment à une question de moyen et de statut social ? 

 

Le fait qu’un jeune blanc issu de la classe moyenne est plus de chances, en France, de réussir qu’un jeune homme de couleur issu des quartiers ou de l’immigration, se résume-t-il à une question d’éducation ou de classe sociale ? Ne prenons-nous pas le problème à l’envers ? Et la question de l’entre-Soi, à quel moment en tenons-nous compte dans l’observation de la situation ?

 

Bon tout ça pour dire, que j’aime bien Samah Karaki, mais je trouve son développement un peu limité et les raccourcis vont bon train…

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