Déni ou Inconscience

Quand s’agit-il de déni ou d’inconscience quand nous observons chez autrui des comportements inadéquats. La frontière entre les deux est mince, mais elle existe.

 

Voyons un peu ce que le dictionnaire dit.

 

Définition de Déni : Refuser de reconnaître quelque chose comme sien, le nier (dénier toute responsabilité).

 

Synonyme Dénégation : Action de nier, de dénier, de contester, de refuser de reconnaître comme vrai ; paroles de démenti, de négation.

 

Définition Inconscient :

  • Qui n’a pas conscience de quelque chose, qui ne s’en rend pas compte, par insouciance, légèreté d’esprit, etc. : Enfant inconscient de ses actes.
  • Se dit d’un acte qui se produit sans que celui qui le fait en ait conscience : Mouvement inconscient.

 

La différence se situe au niveau de la conscience.

 

Dans l’inconscient d’un acte, on ne se voit absolument pas faire, par exemple être hautain. Notre conscience de nous-même est inexistante.

 

Dans le déni, nous sommes informés d’être hautain, mais nous le nions, nous refusons cette perception de nous-même.

 

Nous pourrions dire que l’inconscient précède inévitablement le déni, et que le déni est le refus de prendre conscience.

 

Donc si nous n’avons jamais été informé d’être hautain, nous sommes inconscient de l’être.

 

Et si nous l’avons entendu dire au moins une fois, mais que nous ne le reconnaissons pas, nous sommes dans le déni.

 

C’est bien joli tout ça, hein ? Mais pourquoi je vous parle de ça ?

 

Et bien parce que la personne hautaine dont je parle c’est moi 🙂

 

Il y a maintenant bien longtemps, j’ai été informée d’être hautaine. On me l’a dit une fois, deux fois, trois fois, après je n’ai plus compté. Et à chaque fois que je demandais pourquoi on me jugeait ainsi, curieusement les gens n’avaient pas vraiment d’explications, mais ils le ressentaient ainsi. Et bien que je ne réagissais pas particulièrement agressivement à cette remarque, je ne me reconnaissais absolument pas en ce terme, et aucune réponse à mes questions ne me permettait de me remettre en question. Parce qu’accepter un jugement extérieur et le reconnaître en soi nous fait nous remettre en question. Et nous n’aimons pas beaucoup ça 🙂 N’est ce pas ?

 

Un jour, j’ai découvert la douance, j’ai tiré sur le fil qui m’a amené à lire quelques livres sur le sujets, et à passer des tests de QI pour découvrir que j’étais surefficiente et par la suite autiste de haut niveau. Autant vous dire que je cumulais quelques handicaps pour me voir hautaine !

 

Et parmi toutes les choses que j’ai découvertes sur la douance, il y avait cette propension (excessive) à partager mon savoir, ce qui signifie étaler ma science, et en plus sans filtre, soit de façon un peu trop brutale et directe. Et figurez-vous que ce que je prenais pour « rendre service aux gens » était perçu comme « elle nous rabaisse avec ce qu’elle sait, qui indique ce que l’on ne sait pas. »

 

Je ne sais pas si je suis bien claire, mais imaginez la scène : Il y a un échange verbale avec X, X fait une erreur de propos, et moi très gentiment, avec les meilleures intentions du monde, j’explique à X que c’est une erreur, pourquoi, et quelle serait la « bonne » solution, le « bon » raisonnement, bref…. le truc qu’il aurait dû savoir, dire ou faire…. Moi je croyais vraiment que faire ça, c’était pour le bien des gens. Mais les gens n’avaient pas du tout la même perception que moi de la situation, ou de mes agissements. Et le problème n’est pas tant sur le fond que sur la forme. Je suis sans filtre (= trouble du spectre autistique), je ne m’embarrasse pas de détours de campagne pour dire les choses. Certains diront que je ne suis pas diplomate, en fait j’arrive à l’être quand je juge que c’est nécessaire et adéquat, mais quand je suis directe, ce n’est pas tant une question de diplomatie, c’est juste que ne jugeant pas le sujet à risque, je ne prends pas de gants. Mais si le sujet est risqué pour la personne en face de moi, alors elle aurait aimé que je prenne des gants. Voyez-vous tout ces jeux (JE) de perceptions : La subjectivité ! Et c’est tellement plus aisé de vouloir faire entrer l’autre dans son moule, que de voir son moule, pour avoir conscience de la façon dont il impacte nos perceptions. D’où la question d’inconscience ou de déni (de SOI).

 

Pour en revenir à mon exemple, je n’étais pas vraiment hautaine, pas au sens de quelqu’un qui prend les gens de haut pour les rabaisser et qui fait preuve de mépris ou de condescendance.

 

Mais c’est ce qu’ils ressentaient, même si ce n’était pas mon intention, même si je ne l’ai jamais vécu à l’intérieur de moi comme tel, me congratulant d’un quelconque savoir ou jouissant d’un complexe de supériorité. D’ailleurs je le vivais plutôt mal, parce que je voulais toujours aidé les autres et leur éviter de se planter, et je me retrouvais très souvent à les braquer, à les agacer et à me prendre des coups dont je ne comprenais pas la raison. Mais avant de prendre conscience de ce que je faisais et de comment c’était traduit, je ne pouvais pas agir sur quelque chose que je ne reconnaissais pas en moi. Et donc le mot n’était pas adéquat, parce qu’il me perdait et ne me correspondait pas. Mais en comprenant les faits, les actions, les comportements et leurs impacts, là j’ai compris, je n’étais pas hautaine et je n’avais pas besoin de cesser de l’être, j’avais besoin de me voir agir et interagir avec autrui, pour comprendre et cesser ce qui créait du conflit, des malaises, de la distance, au lieu de créer du partage, de l’attention, du lien.

 

Peut être qu’à vous aussi, on vous dit des choses, qui ne portent pas les bons noms et qui n’expliquent pas vraiment ce qui se jouent (les enjeux / En JE), mais ne pas entendre, ne pas s’intéresser, ne pas chercher et rester dans la négation, c’est choisir de rester inconscient, au détriment de soi. Parce que reconnaître mes comportements m’a permis d’agir sur moi-même, pour arrêter de me tirer des balles dans le pied toute seule. Du jour où je me suis vu (faire), il m’a été aisée de pouvoir CHOISIR de m’exprimer autrement et même de me taire 🙂

 

Tant qu’on ne se voit pas, on ne peut pas agir sur soi, et ne pas agir c’est se condamner à répéter encore et encore les mêmes scènes.

 

J’ai pris mon parti de m’élever pour mon propre bien et apport personnel (c’est très égoïste !)

 

Comme je vous l’ai montré, dans un échange, il n’y a pas une vérité, ou un point de vue, il n’y a que les perceptions de chaque partie. Moi j’ai choisi d’être à l’écoute et de me remettre en question. Il n’est pas certain que ceux qui se sont sentis rabaissés, qui m’en ont voulu et ont tenté de me le faire payer, aient fait le même chemin que moi pour se voir avoir choisi mes interventions du côté négatif, quand d’autres y ont vu des opportunités d’apprendre, de s’aider, de s’élever.

 

Prenez conscience maintenant que dans chaque interaction avec autrui, vous n’êtes jamais 2 personnes à vivre la même chose, mais 2 personnes qui vivez chacune de votre coté une chose. Et parfois cette chose se ressemble, se complète, se rejoint et parfois elles sont différentes, opposées, éloignées. Pour avoir des échanges plus profonds avec autrui, il suffit de s’intéresser à ses/ces perceptions, sans ne plus supposer que vous savez ce qu’elles sont, sans qu’autrui vous l’ait dit explicitement. C’est quand on s’ouvre, qu’on ouvre notre VRAI intime à l’autre, ce que l’on pense vraiment, ce que l’on ressent et comprend, que l’on commence à entrer en relation VRAIE avec autrui et à ne plus cultiver les ambiguïtés, les interprétations, les suppositions, qui mènent à l’illusion d’une connaissance.

 

Nous sommes tous inconscient de parties de nous-mêmes, nous avons tous choisi le déni par moment, parce que nous n’étions pas prêt, parce que le message n’était pas clair, mais il nous appartient d’être actif ou passif face à nos prises de conscience. Nous pouvons être à l’écoute et aller au devant, ou nous pouvons tourner la tête et regarder ailleurs…

 

Quoiqu’il en soit, nous ne pouvons pas nous fuir éternellement, et que cela se passe de gré ou de force, la vie nous confrontera à nous-même tôt ou tard.

 

La non-reconnaissance de soi est équivalente à des mutilations de soi que l’on s’inflige, et ne pas se voir se faire ça, peut nous limiter infiniment. Ainsi si l’on se trouve sur un chemin difficile ; est-ce vraiment le chemin qui est difficile ? Ou est-ce nous, qui nous sommes attachés des boulets au pied qui nous empêchent d’avancer ?

 

L’autre n’est pas toujours bienveillant, l’autre n’a pas toujours raison, et l’autre peut se tromper. Mais lorsqu’on vous fait une critique, une remarque, qui ne vous parle pas, que vous ne reconnaissez pas en vous, voyez si c’est arrivé une fois ou plusieurs fois. Une remarque isolée peut être non fondée. Mais très franchement quand quelque chose se répète, avec des personnes différentes, ça doit vous mettre la puce à l’oreille. Peut être que ça vaudrait le coup de prendre du recul et d’y réfléchir.

 

Un jeu qui est intéressant c’est d’accepter sans concession la remarque comme sienne. C’est à dire que pendant 24h, ou même juste 1h vous adoptez le truc qui n’est pas vous, le truc qui est à l’opposé de vous, comme un jeu, comme un défi, afin de vous projeter dans ce rôle pendant quelque temps. C’est un bon exercice, d’adopter une positon (que l’on juge différente de soi) comme on porterait un costume (déguisement) pour vivre autre chose, pour se projeter ailleurs, pour se mettre à la place d’un autre, pour bien comprendre que ce qui est, est souvent plus complexe et différent de ce que l’on croyait.

 

Reconnaître que tout existe en soi, (et même le pire que l’on rejette) c’est s’ouvrir au monde et au champs des possibles, c’est ne plus se juger soi, et ne plus juger l’autre. Et s’il n’y a plus de risque de se voir comme quelqu’un dont on ne serait pas fier, alors il n’y a plus de raison de refuser les prises de conscience. Puisque la première cause du déni est le besoin de maintenir l’image qu’on a de soi. Bien souvent le problème n’est pas de reconnaître qu’on a été bon, on n’aime pas reconnaître qu’on a été minable, petit, mauvais, lâche etc… Ce qu’on refuse de reconnaître, ce sont des choses qu’on juge soi-même mauvaises et dont on ne veut pas porter la responsabilité. alors NIER semble la stratégie la plus adéquat, pour ne pas mettre en péril l’image qu’on a de soi et que l’on veut montrer aux autres. Jouer à cache cache ne change pas la réalité des choses. Et on ne ment vraiment qu’à soi-même. Puisque dans le déni, les autres savent parfaitement qui on est, ils nous le disent, c’est nous qui refusons de le voir, donc nous nous dupons, mais nous ne dupons personne d’autres. Quelle ironie !

 

Je suis sur que vous êtes conscient, d’être spectateur de personnes qui se sabotent toutes seules, faute d’accepter de prendre conscience. Et vous savez combien c’est dur de voir les gens dans le déni. C’est dur d’être conscient et réaliste, de voir venir le mur, d’en informer l’autre, et de le regarder se prendre le mur, qu’il a refusé de voir, bien qu’on l’ait prévenu. Et bien même si c’est malheureux pour ceux qui regardent, sachez que nous avons tous un chemin propre, que nous ne sommes pas toujours prêt à accepter et grandir, et que tant que nous ne le sommes pas, nous nous scratcherons encore et encore, jusqu’au jour où nous le serons. C’est comme ça qu’on apprend ! Certains apprennent vite et d’autres pas. Mais n’oubliez pas que pendant que vous regardez autrui, vous ne vous regardez pas ! Hors la prise de conscience passe par l’observation de soi. Alors avant de juger l’autre, regardez-vous vous-même. On reconnait toujours en l’autre, ce que l’on ne reconnait pas en soi, qui est en soi. Alors bon jeux (JE) de miroirs, nous pouvons nous voir ou pas….

 

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