Construire des ponts

De communication, d’échanges, de partages, se relier aux autres...

J’ai échangé, il y a peu, avec quelqu’un qui m’expliquait qu’il aimait ouvrir des portes, en sous-entendant qu’il ne fermait pas les portes ; je précise au cas où ce ne serait pas clair, que les portes sont des métaphores pour parler d’opportunités ou d’occasions d’échanger, créer, partager etc…

 

Dans mon travail, je ne cesse de parler des opportunités qui s’offrent à nous ; est-ce qu’on les voit ? Mais surtout est-ce qu’on les saisit ?

 

Donc pour poursuivre la métaphore, à quoi ça sert d’ouvrir une porte, si on ne la franchit pas ? On peut penser que le plus dur est d’ouvrir une porte fermée. Et bien vous n’imaginez pas combien franchir une porte ouverte peut être difficile. Peut-on considérer qu’avoir peur de franchir une porte ouverte est équivalent à fermer la porte ? Vous connaissez l’expression : « enfoncer une porte ouverte »… Une porte est-elle vraiment fermée ? Ou est-ce nous qui la croyons fermée ? Et y-a-il vraiment une porte ? Ou juste un chemin qu’on empreinte ou non.

 

Alors la métaphore de la porte est intéressante, celle que j’aime et que j’utilise régulièrement est celle des passerelles/ponts.

 

Dans ma vision du monde, nous ne sommes pas séparés par des portes, nous sommes des mondes singuliers, et ce qui nous sépare est plus qu’un fossé, c’est l’univers. Et dans cette conception, il faut être des sacrés relieurs, des sacrés connecteurs, des pros de la passerelle pour relier chaque monde, ou alors il faut cesser de vivre dans un monde qui se différencie du monde réel où l’on est (naît).

 

Et j’ai cette conception de l’individu parce que j’observe au quotidien combien chacun vit dans sa tête, en n’ayant pas conscience de vivre dans sa tête, en n’ayant pas conscience qu’il est fort probable que l’autre fasse exactement la même chose que soi, c’est-à-dire vivre également dans sa tête et qu’il est tout à fait possible d’avoir une conversation avec quelqu’un sans n’avoir jamais vraiment échangé avec l’autre parce que chacun est resté de son côté, dans son monde, dans sa tête.

 

Être connecté à l’autre signifierait que nous soyons capables de donner la même version de nous-même et de l’autre en relatant cette conversation de la « même » façon. Hors ce qui arrive la majeure partie du temps, c’est que les 2 récits décrivent 2 choses différentes, parce que chacun a entendu ce qui l’arrangeait, parce que chacun a retenu ce qui l’arrangeait, parce que chacun a ressenti et pensé des choses différentes et donc en réalité, il est à peu près « normal ou logique » qu’ils ne puissent pas relater la même chose, parce qu’ils n’ont tout simplement pas vécu la même chose, bien qu’ils aient partagé « ce même moment ».

 

En fait, il est assez naturel de vivre un événement de sa fenêtre, de son point de vue et le problème ne se situe pas spécifiquement là. Le problème est de CROIRE que l’autre voit la même chose que nous, qu’il entend la même chose que nous, et que nous puissions parler de la même chose sans jamais s’être assuré que c’est bien le cas.

 

CROIRE que nous parlons le même langage, parce qu’il s’agirait de la même langue est une erreur. S’il est possible de s’entendre réellement, il est également possible de se parler sans s’entendre du tout.

 

Et je suis presque certaine que vous savez de quoi je parle. Qui n’a pas eu une conversation avec quelqu’un qui n’a pas compris ce qu’on disait, ou qui a vraiment compris autre chose que ce qu’on disait. D’ailleurs est-ce l’autre qui n’a pas compris ? Ou est-ce nous qui nous sommes mal exprimés ? Et si c’était un peu des deux ? Parce que nous n’avons pas fait l’effort d’être clair, parce que nous n’avons pas vérifié ce qui était compris mutuellement…

 

Et c’est ainsi que nous savons construire ou non des passerelles de communication, pour entrer réellement en contact avec l’autre (dans son monde) en s’interrogeant sur ce qu’on émet, sur ce qu’on reçoit, sur ce que l’autre émet et sur ce que l’autre reçoit. Et une fois que la boucle est bouclée, on sait qu’on s’est parlé vraiment, qu’on s’est écouté vraiment, et qu’on s’est compris vraiment, parce qu’on s’est donné les moyens d’être vraiment avec l’autre.

 

Communiquer ce n’est pas simplement émettre ou recevoir un son. Communiquer c’est être capable de sortir de sa tête (les croyances, les projections, les fausses déductions, les jugements, les interprétations erronées…) pour entrer dans le monde réel et accueillir ce qui est. Et c’est peut-être ça le plus difficile pour la majeure partie des gens : accueillir ce qui est sans jugement, sans filtre déformant, parce que pour faire ça, il faudrait se voir juger, il faudrait se voir déformer la réalité, il faudrait avoir conscience de notre subjectivité, il faudrait avoir conscience de la subjectivité d’autrui et il faudrait tenir compte de cela. Mais qui fait ça ?

 

Alors le monde est rempli d’opportunité et de champs des possibles, il nous appartient d’imaginer des portes, de construire des passerelles, de sauter le pas et surtout il nous appartient de nous responsabiliser de nos actes, ou de jeter la pierre le premier…

 

Comment voyez-vous le monde ? Comment vous voyez-vous ? Comment voyez-vous l’autre ? Êtes-vous réceptif aux opportunités ? Saisissez-vous les opportunités qui s’offrent à vous ?

 

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