Théorie de Désintégration Positive

De Dabrowski

La théorie de Désintégration Positive de Dabrowski s’adresse en particulier aux surefficients (surdoué, haut potentiel), dans la mesure où elle découle de l’observation et de l’analyse des processus de développement de ce type d’individus.

Cependant elle reste intéressante pour la curiosité intellectuelle de chacun, et est sans aucun doute une des bases du développement personnel moderne.

 

Alors qu’est-ce que la désintégration positive ?

 

En bref, c’est proche des notions de construction et de déconstruction de la personnalité, plus utilisées dans le langage commun. On dit que nous nous construisons à partir de notre environnement, de notre histoire, parcours, de nos expériences, et que tous ces facteurs cumulés font de nous ce que nous sommes.

 

Nous sommes donc la somme de multiples facteurs :

  • – environnementaux (aspects sociétaux)
  • – innés et héréditaires (aspects physiologiques et biologiques)
  • – des forces d’autonomie (aspects cognitifs et psychiques)

 

La théorie de Désintégration Positive décrit un processus de développement de la personnalité en 5 étapes, dont chacune a pour but de nous faire progresser vers notre personnalité idéale.

 

Ainsi le but ultime du développement de Soi est de devenir le « véritable » Soi, celui qui n’est plus la somme de ce que la société veut de nous, de ce que nos croyances nous poussaient à être, de ce que nous nous limitions, mais de ce que nous sommes pleinement en accord avec nous-même, à partir de constructions nouvelles et choisies en pleine conscience, afin de ressentir paix et harmonie en Soi.

 

Dabrowski considère que pour franchir les 5 étapes de développement, pour atteindre le dernier niveau d’intégration secondaire, il est nécessaire de posséder ou de développer un haut niveau d’hypersensibilité et de forces d’autonomie. Plus ces capacités seront élevées plus le potentiel de développement sera grand.

 

L’hypersensibilité est caractérisée par 5 catégories d’hyperexcitabilité

 

 

Les 5 étapes de développement

 

1. Niveau d’intégration primaire

Il s’agit de se conformer ou rentrer dans le moule si vous préférez ; c’est à dire accepter et se plier à ce que la société attend de nous au sens large, de façon docile et disciplinée. Ainsi ce que chacun aura accepté d’être au nom des parents, du quartier, d’un groupe (travail, sport, loisir) d’un pays, d’une culture etc…

Dabrowski estime que 60 à 70% de la population est à ce stade, et qu’il n’est pas signe de santé mentale. Quand la santé mentale soumettrait quiconque à se rebeller, à ne pas accepter, et donc à être autre que ce l’on attend de lui.

 

2. Phase de désintégration à niveau unique

Les personnes ressentent un mal-être, des conflits intérieurs, elles peuvent être soumises à des crises d’anxiété, de peur ou obsessionnelles… A ce stade elles sont généralement perdues et n’arrivent pas à distinguer les différents niveaux qui posent problème.

3 directions s’offrent à elles : retourner au stade 1. de l’intégration primaire, stagner au stade 2. qui mènera à la dépression, au développement de psychoses, voire au suicide, ou passer au stade 3. afin de prendre conscience des niveaux multiples.

 

3. Phase de désintégration spontanée à niveaux multiples

Ce stade permet de prendre conscience des différences existantes entre nos comportements, nos pensées et nos émotions. Il mettra en lumière notre système de valeurs et le défi sera de hiérarchiser ces valeurs afin de construire notre Idéal d’Être. Nous posons les bases de ce que nous souhaitons être, nous prenons conscience de ce que nous sommes, et cela permet de construire le chemin a parcourir pour tendre/devenir notre Idéal. Lors de ce processus les émotions très présentes peuvent nous envahir et nous submerger, mais c’est ainsi que nous pourrons commencer à mieux entrer en contact avec elles, pour apprendre à les maitriser, et mieux se contrôler.

Voici quelques dynamismes caractéristiques du niveau 3. : manifestation de mécontentement et d’inquiétude envers soi-moi, on peut s’étonner de soi, on se sent mal adapté à l’environnement extérieur, on développe nos forces d’autonomie…

 

4. Phase organisée de désintégration à niveaux multiples

Cette étape est la mise en pratique de nos prises de conscience du stade 3., il s’agit d’organiser et d’automatiser la désintégration, sous-entendue de transformer en soi tout ce qui fait obstacle à la réalisation de notre idéal. Cela passe par l’augmentation de notre conscience et du contrôle de Soi, par l’expérience systématique (s’expérimenter), et la séparation des différents niveaux en Soi (comportements/pensées/émotions). La personne devient l’observateur et l’observé (atteinte de la pleine conscience) soit le sujet et l’objet à observer. Ce qui lui permet d’avoir une vision claire de la personnalité idéale vers laquelle tendre. Les émotions négatives diminuent en quantité et en intensité, elle se contrôle mieux et se rapproche de plus en plus d’elle-même.

 

5. Niveau d’Intégration secondaire

Ce niveau désigne celui de la personnalité acquise en terme de :

  •  Conscience de soi, nous avons acquis un haut niveau de compréhension de soi, de notre construction, de nos besoins et envies, de nos buts/objectifs
  •  Affirmation de soi, nous sommes clairs en nous-même, stables, « surs » (au sens de sécure)/confiants, nous savons qui nous sommes, ce que nous voulons et où nous allons
  •  Éducation de soi, ou Élévation de soi, nous n’avons jamais fini d’apprendre de nous-même, de la vie, des autres, du monde et nous pratiquons en continue ce que nous avons appris pour tendre encore et encore vers notre idéal d’Être. Aller à connaissance de soi, expérimenter la vie est infini et c’est ce que nous faisons pour cultiver toute l’harmonie qu’il nous est possible d’avoir à ce stade.

 

Dabrowski a toujours considéré :

  • – Que les émotions avaient une place importante et jouaient un grand rôle dans notre aptitude à évoluer.
  • – Qu’un développement mental seul ne menait pas à la raison mais à la folie.
  • – Que sans expérience douloureuse nous ne pouvions pas nous surpasser pour évoluer.
  • – Que le bon sens est de développer un Soi parfaitement personnel et choisi, et non de se plier aux attentes et exigences extérieures.
  • – Que les ressources personnelles conférant de l’autonomie à un individu doivent être qualitatives et quantitatives pour atteindre la réalisation de Soi.

 

La base de sa théorie est au cœur du développement personnel d’aujourd’hui, et elle dit que c’est en affrontant et en se confrontant à ce que l’on est, à ce que l’on vit, à ce qui est, que l’on a l’opportunité d’en ressortir grandi, conscient et mature, et que seul le chemin de la conscience de soi ou de la vie en pleine conscience peut répondre à notre quête de Soi Authentique.

 

Sujets connexes

L’auteur

Kasimierz Dabrowski est né en 1902 à Klarów en Pologne, il était psychologue, psychiatre, médecin, écrivain et poète. Confronté à la mort de sa sœur de 3 ans, à l’âge de 6 ans, il y sera confronté à nouveau durant la Première Guerre mondial, témoin d’une bataille près de chez lui. Puis durant ses études, quand son meilleur ami se suicide.

La confrontation de la mort dès son plus jeune âge et durant une grande partie de son début de vie, a suscité en lui un profond questionnement existentiel.

Après la mort de son meilleur ami, il choisit de se réorienter et d’abandonner la carrière de musicien à laquelle il se préparait pour entreprendre des études de médecine, puis de psychiatrie. Il dépose une thèse sur le suicide à l’université de Genève en 1929. Il voyagera en Autriche, en France, aux États-Unis, en Suisse et en Pologne, où il fondera un institut « d’hygiène mentale » en 1935. Ce dernier sera fermé par l’occupation allemande, mais il continuera ses activités clandestinement, protégeant de nombreuses personnes, sous le couvert de travaux sur la tuberculose. Il sera emprisonné par les allemands, mais sa femme obtiendra sa libération. Les ennuis continueront pour lui avec l’occupation soviétique. Il finira par être réhabilité et obtiendra à nouveau le droit d’enseigner et de voyager. Il partira alors en Amérique du Nord où il rencontrera, entre autres Abraham Maslow et d’autres humanistes de l’époque, et finira par s’installer à l’université d’Alberta.

En 1964, Il traduit du polonais et publie en anglais «Positive disintegration». Une première édition de « Personality shaping through positive disintegration » suivra en 1967, toujours sur la base de ses travaux en langue polonaise. « Psychoneurosis Is Not an illness » sera publié en 1970. Il poursuivra ses travaux en Alberta presque jusqu’à sa mort.

En 1979, il rentre en Pologne et y meurt en 1980.

Kasimierz Dabrowski a laissé une école très active en Amérique du Nord, qui a un impact significatif dans l’éducation des personnes surefficientes mentales, et dont nombre de publications sont disponibles auprès de l’éditeur Great Potential Press. Même s’il avait été traduit en français à la fin des années 60 et au début des années 70, il n’a pas eu dans cette langue l’écho espéré. En 2015, « Personality shaping through positive disintegration » a été réédité en langue anglaise après un important travail de reprise des manuscrits de l’époque qui avait pour but de rendre lisible et compréhensible un texte écrit avec un vocabulaire qui n’a plus cours aujourd’hui.

 

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7 commentaires

  1. Bon article Émilie. J’ai lu le livre de Patricia Lamare récemment et cela a fait beaucoup écho en moi. Je le conseille vivement à tous et plus particulièrement aux personnes HP pour en savoir davantage sur des processus internes et spécificités.

  2. Merci pour cet article, il me donne envie d’acheter « La théorie de Désintégration Positive » de Dabrowski.

  3. Bonjour, Que faire si on est bloqué au stade de la puberté mentalement et psychologiquement parlant mais adulte depuis longtemps ? Est-ce irréversible ?

  4. Bonjour Émilie, Dans tout ça je fais accent sur la plasticité cérébrale qui s’envole avec un vitesse incroyable et qui inspire en permanence notre vie. Merci pour l’article. 💕

    1. Bonjour Heitz, la plasticité cérébrale est une chose, le fait qu’elle s’envole en est une autre….Penser vite n’est pas synonyme de penser bien, ce qui explique que de nombreux surdoués ne sont pas identifiés et ne se sentent pas intelligents, parce qu’ils ne sont pas conscients des raccourcis erronés de leur fonctionnement cognitif et donc se trompent souvent. Tout le problème est qu’on n’est pas toujours conscient de posséder une Ferrari et qu’on ne sait pas qu’il faut apprendre à la conduire et à la réparer pour être autonome.

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