La Peur

Ce n'est pas la haine qui est le contraire de l'amour, mais la peur.

Pour ceux qui catégorisent les émotions en positif et négatif et qui considèrent la peur comme une émotion négative, je leur dirai que c’est une source d’handicap que de voir les choses ainsi, parce qu’aucune émotion n’est positive ou négative, seul le jugement l’est.

 

Les émotions sont des informations, dont on tient compte ou non, dont on fait quelque chose ou pas. Le problème de juger quelque chose négativement, c’est qu’on va avoir tendance à l’éviter ou à le fuir, ce qui produit deux choses :

  • Nier une émotion ne permet pas de pouvoir agir dessus, ce qui produit de l’impuissance, qui nourrit l’insécurité et augmente l’état anxieux de l’individu.
  • Nous ne pouvons pas nous fuir nous-même, aussi ce n’est que repousser pour mieux sauter tôt ou tard. Malheureusement souvent tard et pour plus de complications qui si la situation avait été prise à bras le corps dés le départ.

 

On commence déjà à observer de quelle façon c’est très handicapant.

 

L’être humain est relativement insécure et il va déployer nombres de stratégies et quantité d’énergie pour tenter de se sécuriser. Il y arrivera bon gré mal gré, mais ceux qui s’en sortent le mieux sont ceux qui ont conscience de leur peur, parce qu’ils vont pouvoir agir dessus.

 

La peur nous informe d’un risque fondé ou infondé et c’est bien là ce qui fera toute la différence, et pourquoi il est nécessaire d’accueillir nos peurs. Car comment examiner concrètement le fondé d’une peur et donc sa raison d’être si on la nie, si on fuit, si on fait comme si de rien était ? Ce n’est qu’en examinant le bien fondé d’une peur qu’on peut juger l’information comme pertinente ou non.

 

Et pourquoi est-il important de savoir si l’information est pertinente ou non ?

 

Parce que nos peurs parlent de ce que l’on juge risqué.

 

Et considérer un risque qui n’en est pas un, crée un frein irréel, inutile et entravant. Et passer à côté d’un risque réel est inconsidéré, inconscient, dangereux…

 

Voilà pourquoi et comment la peur a un rôle primordial dans notre capacité à évoluer, décider, agir. Elle nous informe des risques, elle est une alarme et si quand l’alarme sonne vous ne courrez pas au dehors de la maison en flamme et bien vous savez comment ça risque de finir… Le souci c’est que parfois l’alarme est mal paramétrée, elle se déclenche pour rien ; et parfois elle n’a plus de batterie et elle ne se déclenche pas alors qu’elle devrait….

 

Donc le seul moyen d’avoir une alarme qui fonctionne bien, c’est d’assurer une maintenance régulière qui entretienne le bon fonctionnement de l’alarme. Et pour assurer cette maintenance, on ne peut pas fuir dés que ça sonne.

 

Le seul moyen de gérer nos peurs est d’aller à leur contact et non de les nier. Plus nous accueillons nos peurs, plus nous les connaissons, plus nous nous connaissons. Et c’est en nous connaissant que nous pouvons agir, aussi bien en aval qu’en amont.

 

Agir sur nos peurs, ce peut être dézinguer celles qui sont infondées, action en amont ; ou ce peut être : accueil, écoute, et action d’une peur en aval sur terrain en réel.

 

En tout cas, quand on fuit les peurs (depuis toujours) cette émotion ressemble à une étrangère désagréable qui ne donne vraiment pas envie d’être connue. Mais quand on se donne la peine de l’accueillir, de passer du temps avec elle, tout d’un coup c’est de moins en moins une étrangère et petit à petit elle devient familière, connue et je n’irai pas jusqu’à dire agréable, mais sans aucun doute utile, autant qu’une boussole !

 

Plus l’on est capable de se confronter au réel et d’examiner avec pragmatisme le bien fondé de nos peurs, plus nous développerons notre discernement et plus nous sommes capables de discernement plus nous avons la capacité de nous sécuriser, pour 2 raisons :

 

  • Savoir que l’on sait distinguer les risques est très sécurisant parce que cela nourrit notre confiance en nous de pouvoir appréhender l’inconnu sereinement
  • A partir du moment où nous savons évaluer une situation avec justesse, cela nous donne le pouvoir d’agir, non pas sur la situation, mais sur ce que nous voulons et pouvons dans cette situation. Et le pouvoir d’agir est également quelque chose qui apporte beaucoup de sécurité et donc de confiance en soi et en l’avenir.

 

Aussi du jour où l’on comprend, que c’est en considérant nos peurs, qu’elles nous apprennent à être sécure et non à démontrer que l’on ne l’est pas, tout devient possible !

 

Le 08/12/20

 

Nous vivons une époque incertaine, où l’inconnu est encore plus effrayant qu’à la normale. Si en des temps sereins, toutes nos stratégies de compensation nous donne l’illusion que l’inconnu est loin, et qu’il est possiblement doux, en masquant notre profond sentiment d’insécurité. Aujourd’hui il semble bien difficile de maintenir cette illusion. Cette période de grande anxiété et presque de folie humaine peut faire resurgir du tréfond de notre être des peurs anciennes, enterrées, étouffées, voilées…. Et vouloir les fuir et les ignorer sera source d’amplifications des angoisses, plutôt que de les atténuer, voire de les faire disparaître.

 

Alors si vous êtes dans cette situation, et que la peur tambourine à votre porte : ouvrez-lui, accueillez-la, invitez-la à s’assoir à votre table et offrez-lui un café, pour prendre le temps de l’écouter, d’échanger avec elle, de la connaître et de vous quitter bonnes amies, afin de vous rencontrer à nouveau dans l’avenir avec plus de chaleur humaine et moins de peur de la peur.

 

Si vous n’êtes pas doux et accueillant avec vous-même ? Qui le sera ? Qui saurait l’être ?

 

Dernière petite clé : Nos peurs sont en lien avec nos « en-vies »

 

On n’a pas peur d’échouer, si on n’a pas en-vie de réussir. On n’ a pas peur de perdre quelque chose, si on n’y tient pas. Et on n’a pas peur de mourir si on n’a pas en-vie de VIVRE.

 

Donc nos peurs ne parlent pas seulement du risque, elles parlent avant tout de nous. Et ne pas les accueillir, ne pas les écouter, c’est avant tout passer à côté de SOI, se nier, ne pas se respecter, s’amputer d’une partie de soi-même, s’handicaper inutilement…

 

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