Douance et Hypersensibilité sont intrinsèquement liées

 

Je suis une Hypersensible, Personne à Haut Potentiel, Autiste de haut niveau et quand j’ai découvert l’article que je vous relaie ci-dessous, les informations qu’il contient sont venues éclairer ma conscience. Il ne s’agissait plus de constater mon hypersensibilité, mais de pouvoir la comprendre et la communiquer. J’espère que ces informations vous aideront autant que ce fût le cas pour moi, et que vous les transmettrez à votre tour, pour que d’autres ne restent pas dans le noir. Bonne lecture, Emilie

 

On dit des adultes vivant avec une douance (adultes surdoués) qu’ils sont hypersensibles, qu’ils réagissent fort, trop fort, à tout, à ce qui existe et ce qui n’existe pas, qu’ils sont trop émotifs, trop sensibles, qu’ils doivent bien dramatiser et en inventer un peu parfois … et pourtant. Les adultes qui vivent avec une douance se disent eux-mêmes hypersensibles. Ils absorbent les émotions des autres et perçoivent leurs pensées. Ils sont intensément affectés par l’ambiance d’un lieu. Ils savent intuitivement. Pourtant, les autres ne les croient pas toujours … et pourtant. En médecine, une hypersensibilité est une réaction d’immunité adaptative, de réponse exagérée ou inappropriée au contact d’une substance, provocant des lésions tissulaires. En d’autres mots : allergie, atopie, intolérance, réaction immunitaire, immunodéficience, réaction auto-immune et réaction auto-inflammatoire sont des hypersensibilités Les auteurs spécialisés en douance définissent l’hypersensibilité (ou hyperexcitabilité) comme une sensibilité biologique aux stimuli de l’environnement, provisoire ou durable, qui est plus élevée que la moyenne des gens et qui engendre donc une réaction émotive et comportementale plus intense pouvant être perçue comme exagérée ou extrême. Les processus physiologiques reliant une intelligence élevée à une meilleure discrimination sensorielle ont déjà été démontrés dans plusieurs études (p.ex. Aron et Aron, 1997 ; Melnick et al., 2013) (Figure 1 ci-dessous).

 

 

En fait, les hypersensibilités prennent racine dans les particularités neurophysiologiques des enfants et des adultes qui vivent avec une douance (adultes surdoués et enfants surdoués) (Figure 2).

 

 

Légende [Par exemple : Jambaqué,I (2004), Analyse de la littérature : Contribution de la neuropsychologie développementale à l’étude des sujets à haut potentiel ; une revue de question. Psychologie française, 49, 267-276.]

 

Dans sa théorie de la désintégration positive (la plus fréquemment utilisée afin de comprendre le développement unique des individus qui vivent avec une douance (surdoués)), Dabrowski définit cinq types d’hyperexcitabilités ou d’hypersensibilités (Figure 3).

 

 

Parmi les traits qui caractérisent généralement la douance chez l’adulte et qu’on retrouve dans les écrits scientifiques sur le sujet, les hypersensibilités sont souvent nommées comme source de mal-être ou même de détresse et de souffrance. Tout sentir, tout entendre, tout voir, tout ressentir … le visible et l’invisible, le dit et le non-dit. Être seul à tout percevoir, à ressentir aussi intensément, personne à qui en parler, personne qui peut nous croire. Se sentir différent, bizarre … ou fou ? Et pourtant … sentir vraiment, avoir vraiment mal physiquement et émotivement. On ne doit pas être si fou ? Dans un groupe d’adultes qui consultaient en psychiatrie, l’étude de Lancon et al. (2015) révèle que les adultes vivant avec une douance (adultes surdoués) avaient plus de douleurs chroniques, de plaintes physiques, de migraines, de manque de vitalité ou de maladies auto-immunes que ceux qui n’avaient pas de douance. Leurs résultats indiquaient aussi que la santé mentale des adultes qui vivent avec une douance (adultes surdoués) était plus altérée et limitait davantage leur fonctionnement quotidien ainsi que leur vie sociale. Pourtant, les résultats de Bessou et al. (2003) montrent que 78,6% des adultes vivant avec une douance (adultes surdoués), de 65 ans et plus se disent aussi heureux que lorsqu’ils étaient jeunes malgré le fait que 14% d’entre eux avaient déjà vécu au moins un épisode de dépression majeure (vs 8% chez les non-surdoués).

 

Cela peut paraître surprenant, mais ce sont également nos hypersensibilités qui nous rendent aussi créatifs, énergiques, intuitifs et empathiques. Ce sont elles qui nous donnent notre sens de la justice et de la vérité, qui nous poussent à l’authenticité, à vouloir comprendre et savoir et qui permettent à notre pensée d’être aussi rapide, analytique et arborescente. Médecin, psychiatre, psychologue, philosophe, écrivain et poète, Kazimierz Dabrowski est né en Pologne, mais a passé une partie de sa vie au Québec et en Alberta. Il a dévoué sa vie à observer et comprendre la santé mentale et le développement humain, en observant particulièrement les êtres exceptionnels, de ceux capables des pires atrocités à ceux capables des plus grandes réalisations. Selon la théorie de Dabrowski, plus nous avons d’hypersensibilités et de forces d’autonomie (c’est-à-dire les processus dynamiques et autonomes qui nous poussent à nous impliquer, à nous engager, à transformer consciemment nos idéaux en actions, à contrôler notre propre comportement en fonction de nos valeurs) plus notre potentiel de développement sera élevé. Selon lui, les hypersensibilités sont essentielles à l’évolution avancée et émancipée de l’individu. Au dernier (et plus avancé) stade du développement humain, Dabrowski indique que l’individu expérimente l’harmonie et la paix intérieure. Il vit selon sa personnalité idéale et n’expérimente plus de conflit intérieur depuis qu’il a détruit et remplacé ses forces motivationnelles inférieures (biologique et sociale) par des forces de motivation plus élevées (empathie, autonomie, responsabilité, authenticité).

 

Pour Dabrowski, les conflits internes et les émotions négatives comme l’anxiété ou la dépression sont nécessaires à notre développement, à notre croissance et à notre évolution en tant qu’individu et en tant qu’humanité. C’est grâce à nos tensions psychologiques que nous pouvons détruire notre système initial de valeurs (c’est-à-dire les forces qui guident notre comportement) basé sur l’instinct biologique (par ex. l’hérédité, la survie, la reproduction) et la socialisation (par ex. le regard des autres, le conformisme, l’approbation, les valeurs de la société). Ce n’est qu’en désintégrant ce système de valeurs inférieures, dans lequel notre intelligence est au service de notre intérêt personnel, que nous pourrons prendre en main notre développement. Ce processus ne peut s’enclencher qu’au travers de nos ambivalences, insatisfactions, incertitudes face à nous-mêmes, expériences de vie négatives, questionnements identitaires, conflits intérieurs, mal-être, honte, culpabilité et mésadaptation face à notre environnement. Si nous avons un potentiel de développement assez élevé (si et seulement si), notre intelligence se focalise dès lors sur le développement volontaire, responsable, autonome et authentique de notre propre psychologie basée sur notre construction de plus en plus claire de l’idéal à atteindre (en regard de nous-mêmes et des autres individus, mais aussi de l’essence sociale et humaine). Nous consacrons alors autant d’efforts à croître nous-mêmes qu’à aider les autres à le faire pour, eux aussi, atteindre cet idéal. Pour y parvenir, il faut absolument avoir assez d’hypersensibilités et de forces d’autonomie pour grandir en traversant nos expériences négatives et nos conflits intérieurs. Selon Dabrowski, la douance est un « cadeau tragique » puisqu’elle nous offre un potentiel de développement immense et nous pousse à rechercher un très de haut niveau d’harmonie intérieure, mais seulement si nous passons par de grandes tragédies. Un chemin intérieur singulier et souvent isolé, qui n’est ni tranquille, ni facile. Et pourtant.

 

Lorsqu’on accepte et qu’on écoute nos hypersensibilités pour s’en servir, consciemment, comme guides, comme antennes, pour sentir et observer ce qui est le plus important pour nous dans la vie. Lorsque notre besoin viscéral de créer et de comprendre, notre sens de la justice et des valeurs, notre authenticité, notre engagement, notre empathie nous poussent à canaliser notre énergie quasi inépuisable pour agir et nous approcher de ce qui est le plus important pour nous dans la vie. Lorsque nous cherchons consciemment et activement à fusionner moi réel et moi idéal pour créer une identité connue, définie, forte, aimée, confiante, harmonieuse et … en paix. Difficile de ne pas aimer nos hypersensibilités, non ? Et ce, avec la souffrance, les inconforts, le mal-être, la détresse, l’anxiété ou la dépression qu’elles apportent puisqu’au fond, ce sont elles qui nous permettent de savoir par où aller pour être heureux. En général, on prend soin de ce qu’on aime.

 

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4 commentaires

  1. Franchement j’ai 16 piges , et franchement j’ai jamais autant kiffer lire de ma vie , en plus écrit par un polak que demandé de mieux , en tout cas je me suis fortement reconnu

  2. Très belle analyse sur l’hypersensibilité je me reconnais dans certains passages 🥰

  3. Je me reconnais aussi sur cette recherche. L hypersensibilité peut elle augmenter par un parcours de vie difficile ou bien une maladie ?

    1. Bonjour, je ne pense pas que l’hypersensibilité augmente ou diminue suivant notre parcours de vie. Par contre, ce dont je suis sûre pour l’avoir expérimenté, c’est que notre interprétation des événements, notre subjectivité joue une rôle prédominant dans l’accueil et la gestion émotionnelle. Donc sans gestion émotionnelle, nous subissons nos émotions et dans la contrainte, elles peuvent nous sembler plus fortes, plus intenses qu’elles ne le sont réellement physiologiquement. De même que se couper de ses émotions, peut les rendre moins prégnantes , mais ça ne marche qu’un temps, parce qu’on ne peut se fuir soi-même indéfiniment. Ce que j’ai appris, c’est que l’hypersensibilité est sans aucun doute une chance, plus qu’un problème. Elle l’est tant qu’on n’a pas appris à gérer nos émotions et donc qu’on se subit. Il nous appartient de se prendre en charge ou non et de faire quelque chose pour soi ou pas. On peut rester une victime impuissante de notre histoire et s’apitoyer sur notre sort toute notre vie, ou on peut sortir de la victimisation, devenir un être responsable qui a le pouvoir de s’apporter tout le bonheur du monde. Ce qui fera la différence c’est de se voir faire ça, ou d’être dans le déni de soi. Voir l’article Gestion émotionnelle : https://www.liberelemo.fr/blog/la-gestion-emotionnelle

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