Comment et pourquoi Se Pardonner ?

Les mécanismes de la colère et de la culpabilité

Pardonner aux autres c’est bien, SE pardonner c’est mieux. Ce dont je ne parle pas dans l’article précédent « Comment et pourquoi pardonner ? » c’est qu’il est assez rare d’être en colère envers autrui, sans l’être d’abord envers soi-même. Je m’explique pour ceux qui protestent déjà à cette annonce… La colère est l’expression de nos limites, aussi quand une limite est franchie, l’émotion qui apparaît est la colère, c’est ainsi que cela fonctionne. Je n’entrerai pas dans le pourquoi certains se mettent en colère toutes les 5 minutes, quand d’autres ne le font jamais. Ce sujet relève de la gestion émotionnelle, dont le point de départ est : sommes-nous connectés à nos émotions ? Et donc suivant qu’on l’est ou non, qu’on les écoute ou non, et qu’on en fait quelque chose ou non, amène à un grand nombre de combinaisons et de situations qui expliquent pourquoi nous sommes différents, bien que nous ayons tous la même mécanique à la base.

 

Revenons à la colère, je la nommerai « émotion racine » dans la mesure où certains de nos sentiments (senti-ment) prennent leurs sources dans cette émotion tels que la frustration, la culpabilité, la rancœur. Alors c’est quoi la différence entre une émotion et un sentiment ? Une émotion c’est quelque chose de « brut », de profondément reliée à notre âme/cœur, c’est notre être « pur » sans filtre, sans fioriture. C’est également un processus physiologique, la colère libère de l’adrénaline, qui est l’hormone de l’action. Quand vous vous prenez une décharge d’adrénaline ça vous donne l’impulsion (la pulsion) d’agir pour défendre la limite/frontière qui a été franchie. Voyez-vous l’image guerre de territoires ? Défendre son espace, élever des murs, barricader des portes, attaquer tout contrevenant….

 

Cette énergie qui est libérée en nous est puissante et peut nous conduire à faire des choses qu’on ne ferait sans doute pas en tant « normal ». C’est ce qui explique que les gens en colère puissent avoir des mots et des actes réellement effrayants, parce qu’inhabituels, qu’on ne les reconnaît pas, ou du moins qu’on ne savait pas qu’ils étaient capables de cela sous l’effet de la colère. Et toute la complexité de l’humain et de la reconnaissance des émotions se jouent lors de ces événements « exceptionnels ». Ce n’est pas pour rien que la société tente d’éliminer la colère de son champ de vision et d’en faire quelque chose de négatif et d’inacceptable. C’est une façon de faire pression sur les gens afin qu’ils ravalent leur colère, qu’elle soit réprimée, puisqu’elle n’est pas accueillie et jugée positive ou normale en collectivité. Quand une minorité s’autorise pleinement à être en colère et à l’exprimer, on a tendance à la regarder d’un mauvais œil, parce que nous ne nous autorisons pas à le faire. Après tout, si on nie notre colère au bénéfice de la société pourquoi l’autre ne le ferait-il pas ? Et bien soit parce qu’il ne peut pas, soit parce qu’il ne veut pas, ou les deux….

 

Patience… c’est bien un article sur se pardonner. Même si je reconnais ratisser large, je ne me suis pas encore égarée. Les mécanismes émotionnels sont complexes et ils ne sont pas quelque chose d’isolé. Il faut comprendre comment l’être humain fonctionne, mais aussi pourquoi le contexte sociétal impacte autant nos comportements. Et que ce qu’on nous a appris, amène à la mauvaise gestion de nos colères, à la culpabilité et par voie de conséquence à comment nous pardonner. Car tout ce que je viens de vous dire pose en quelque sorte les pourquoi. Si l’émotion est quelque chose de physiologique, de concret, le sentiment est davantage de l’ordre de la construction de notre pensée, de notre perception et de ce qui nous formate (famille, culture, religion, environnement social…). Et c’est en cela que suivant la façon dont nous nous construisons, nous n’aurons pas les mêmes sensibilités et sentiments qu’une autre personne.

 

Ainsi la culpabilité c’est s’en vouloir, mais de quoi ? Quelle limite a été franchie qui engendre ce sentiment ?

 

Si nous avons fait une erreur pourquoi culpabilisons-nous ?

 

Dans les liens de soi à soi : par exemple, j’ai cassé le vase préféré de Maman et je m’en veux, qu’est-ce que cela dit de nous ? On s’en veut d’avoir été maladroit ? On s’en veut parce que c’était un objet « important » pour l’autre, oui mais encore ?

 

Autre exemple dans le lien de soi à l’autre : Mon petit ami volage m’a trompé pour la énième fois, non seulement en ne tenant pas ses promesses, mas en allant voir ailleurs, et je m’en veux ? On s’en veut d’avoir fait confiance, de l’avoir cru ?

 

J’aimerais vous dire que c’est aussi simple que cela, mais ça ne l’est pas.

 

Je vais vous montrer ce qui ne se voit pas. Pour vous est-il normal d’être en colère quand vous cassez « quelque chose de précieux » ? Qu’il s’agisse d’un objet précieux ou d’un lien relationnel considéré comme précieux. Etes-vous en colère quand vous perdez quelque chose ou quelqu’un auquel vous tenez ? Voilà où je veux en venir. Nous avons dit tout à l’heure que la colère était associée aux limites franchies. Donc quelle est l’émotion associée à la perte ? L’émotion associée à la perte est la peine/tristesse. Donc quand on casse quelque chose de précieux et donc qu’on le perd, ici c’est cassé et on ne sait pas si on pourra le réparer ou le remplacer, et bien on est censé être triste.

 

Alors je disais que la colère n’était pas acceptée et accueillie par la société, et bien figurez-vous que la tristesse c’est un peu pareil. On n’aime pas voir quelqu’un pleurer, on ne sait pas quoi faire, quoi dire, on voudrait que ça s’arrête… Je caricature… Mais peu de personnes savent accueillir la tristesse en ne disant rien, en ouvrant leur bras, en tendant une main, en ayant un regard compatissant et chaleureux, en laissant simplement faire. Et donc si vous ressentez de la colère, c’est parce que vous ne ressentez pas la peine qu’engendre « normalement » la perte de quelque chose. Quand on ressent la peine, on pleure, et puis ça passe, parce qu’on reconnaît notre tristesse et le fait que ce qui était précieux n’est plus. Mais la peine qu’on ne reconnaît pas engendre un déni de soi et qu’est-ce que le déni de soi ? C’est un manque de respect soi. Et qu’est-ce que le manque de respect de soi ? c’est une limite qui a été franchie. Voilà la limite franchie, voilà celle qui engendre la colère, et enfin le sentiment de culpabilité. Culpabilité vient de coupable.

 

Face à une erreur, il y a 2 façons de percevoir la situation :

  • – soit nous sommes coupables ; Les coupables sont sanctionnés et doivent payer leur erreur.
  • – soit nous sommes responsables ; Les responsables doivent assumer et réparer si possible leur erreur.

 

Quand vous ressentez de la culpabilité (ou rancœur envers autrui), c’est parce que vous n’assumez pas ce qui EST, en terme de situation, de faits et de ressentis, parce qu’assumer c’est dur. C’est dur de grandir, d’accepter, de lâcher prise, de souffrir, de faire avec. Vous évitez d’assumer parce que c’est dur et vous vous infligez une autre chose de dur, la culpabilité.

 

Mais la culpabilité est pire parce que bien souvent comme c’est dur les gens la nient aussi, ce qui nous maintient dans le cercle vicieux du manque de respect de soi, une couche après l’autre. Parce qu’en réalité, si on la sent, ça bouffe l’intérieur, ça ronge, ça nous empoisonne, ça peut même rendre dépressif… L’être humain est ainsi fait, il fait des choix qui paraissent « faciles » fuir, éviter, nier, mais au final c’est aussi difficile et surtout les conséquences à terme sont néfastes. Quand assumer, se responsabiliser semblait plus difficile sur le moment, mais aurait été salvateur au final. On omet trop souvent, que notre voix intérieure ou notre âme/cœur sait ce qui est juste, ce qui est amour, ce qui est respect. Et quand nous dérogeons à ces valeurs, ces valeurs universelles, dont tout être humain a besoin pour nourrir sa confiance en soi, son estime de soi, on se fait du mal.

 

Je ne vous ai pas parlé de la honte qui est souvent associée à la culpabilité, parce que quand notre comportement envers nous-même n’est pas amour, respect et justesse et bien les couches d’oignon, qui nous enferment à l’intérieur, sont un peu sans fin malheureusement.

 

Alors profitez de cette période d’amour qu’est noël, ou de la nouvelle année pour faire le ménage intérieur et vous offrir un nouveau départ, pour être davantage dans le respect de vous-même, pour entrer dans l’ère de la responsabilité et quitter les vieilles habitudes de culpabilité que la société nous enseigne. Tout ce que nous vivons depuis 2 ans avec le covid est une opportunité de se recentrer sur l’essentiel (les sens ciel), de cesser de cultiver des comportements qui nous affaiblissent et de développer notre Être.

 

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