Aider, Porter, Sauver l’autre ? ou pas…

Il y a des gens qui comptent beaucoup pour nous : un conjoint, une sœur, un ami… Et lorsqu’ils ne vont pas bien, ou qu’ils se mettent dans le pétrin, nous sommes là. Nous pouvons juste être présent, mais parfois il s’agira de faire plus ; ce peut être aider par les mots, par des actes, services, et même financièrement. Mais savons-nous vraiment évaluer si nous aidons l’autre ? Savons-nous vraiment ne pas en faire trop ? Savons-nous vraiment poser des limites ?

 

Ce que je veux dire, c’est que tendre la main à quelqu’un qui est tombé pour l’aider à se relever, c’est l’aider. Mais quand une personne répète encore et encore les mêmes erreurs, ou qu’elle fait des choix qu’elle ne respecte pas, qu’elle fait des promesses qu’elle ne tient pas, qu’elle prend des engagements qui n’aboutissent pas… Bref que sa vie s’effondre pour la énième fois, qu’elle ne sort jamais des problèmes, qui la rattrapent toujours et qu’on est là comme un spectateur impuissant ; A quel moment se rend-on compte que cela met notre propre équilibre en péril ? A quel point nous mettons-nous en péril pour l’autre ?

 

Nous ne sommes responsables que de nous-même (exceptés les enfants, cas particuliers) et si je ne doute pas que pour avoir bonne conscience, pour pouvoir se regarder dans le miroir et dormir la nuit, il nous est indispensable de faire tout ce que nous pouvons pour aider ceux qui nous sont chers, il y a également un point de rupture dans l’aide que nous donnons. Celui qui est supportable parce qu’il ne nous met pas en péril physiquement, moralement, psychologiquement, financièrement etc… Et celui qui nous met en péril.

 

Et c’est important quand nous atteignons cette limite d’être capable de dire STOP. Cela créera inévitablement une scission en soi, nous serons partagés entre notre volonté de sauver l’autre et notre incapacité à pouvoir le faire. Car lâcher une personne chère à notre cœur est un déchirement. Accepter notre impuissance, accepter que ce n’est pas à nous de le sauver, que nous n’en avons pas le pouvoir, demande beaucoup de courage et de responsabilité en réalité. Le point de rupture se situe à la frontière d’aider et de sauver. Aider est une chose, vouloir sauver l’autre de lui-même, de ses propres démons, ne nous appartient pas, n’est pas de notre responsabilité ou en notre pouvoir. Cela est entre ses mains à lui et uniquement entre les siennes. On ne peut pas faire à la place de l’autre, et faire à la place de l’autre n’est pas l’expression de sa capacité à s’en sortir, mais de son incapacité à agir.

 

« Quand quelqu’un a faim, Ne lui donne pas un poisson, Apprends-lui à pêcher »

 

On aide les gens en leur apportant de l’autonomie, et non en les rendant dépendant de nous. Plus nous faisons à leur place, moins nous les aidons.

Alors si vous vivez une de ces situations difficiles où vous portez l’autre, j’espère que vous réfléchirez à la façon dont vous « l’aider », dont vous vous impliquez. Qu’est-ce que cela vous apporte ? Et qu’est-ce que cela lui apporte ? Depuis combien de temps ça dure ? Et combien de temps cela peut-il durer ? Plus vous êtes capables d’analyser la situation et de définir un cadre, plus vous serez initiateur, plutôt que soumis. Etre uniquement guidé par nos émotions peut nous faire perdre de vue la réalité et surtout faire de notre aide une action inefficace.

 

Nous sommes un bon aidant quand nous sommes solides, debout, bien droit sur nos deux jambes. Si nous nous effondrons avec l’autre, cela démontre que nous ne sommes pas assez solides pour aider l’autre.

 

Être touché, au sens d’être sensible, cela a du sens, puisqu’il s’agit de ceux que nous aimons. Mais si le degré est plus fort, si nous sommes envahis ou submergés, ce qui peut se comprendre, il faut comprendre qu’on ne peut pas aider, être un bon aidant en étant nous-mêmes submergés. Parfois être courageux, être fort c’est accepter de ne pas porter, c’est accepter de passer le relais, de demander l’aide adéquat, de responsabiliser l’autre…. Être là oui, mais de la bonne façon… Savoir jauger où est notre place, quelle est la situation, quelles actions répondent à quels besoins. Plus nous serons pragmatiques et humbles, plus nous aurons de chance de faire preuve de discernement pour prendre les bonnes décisions et agir en conséquence.

 

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