Les JE (jeux), des rôles que nous jouons

Il est rare que nous nous voyons enfiler un costume et oublier de le retirer. Parfois les costumes que nous portons, prennent tellement le pas sur notre Soi, qu’ils finissent par se fondre en nous et nous coller à la peau.

 

De quels costumes je parle ? De celui de parent, de celui d’enfant, de celui du frère, de la sœur, du professionnel, du voisin, de l’employé, de l’employeur etc… Si vous pensez que tous ces rôles n’impliquent pas un costume, un rôle, un script, prédéfinis, conditionnés, alors c’est que vous pensez que c’est toujours vous, votre Soi, bien que cela ne soit pas le cas.

 

Ce qui est nous, être une femme, un homme, sans étiquette, sans rôle, sans jeu (JE) c’est ce que nous sommes dans notre plus pure spontanéité d’être et de vivre. Mais le JE est mal vu, considéré comme un signe d’égocentrisme, ou d’égoïsme, voire d’individualisme. Pourtant être connecté à Soi c’est un JE, un JE centré en Soi (et non sur Soi). Un JE qui se connaît, s’entend, s’écoute, se respecte pour savoir ce qui est bon pour lui. Sachant que ce qui est bon pour soi, permet de faire les bons choix, qui nous apporteront bien être, épanouissement et accomplissement de Soi. Et lorsqu’on est bien (avec) soi-même, on est généralement bien avec les autres. Et être bien avec les autres nous apporte et leur apporte généralement du bon…

 

Le problème est rarement le JE en lui-même, le problème vient souvent du fait que le JE n’est pas assumé et que non-assumé il engendre de la culpabilité. C’est ainsi que le JE peut être vu comme un ennemi, plutôt que comme un atout, parce qu’il est accusé d’entraîner du mal être.

 

Bien évidemment le JE c’est nous et personne d’autre donc s’il entraîne du mal être ce n’est pas parce qu’il est mauvais, mais parce qu’on ne se voit pas en être responsable et libre. Libre parce qu’on a choisi, il s’agit irrémédiablement de nos choix ; choix d’une direction, juste ou mauvaise et choix d’assumer ou non cette direction. C’est ainsi que chaque action découle d’un choix, et que chaque façon d’y réagir implique un second choix. On peut mal agir, mais bien y réagir, ce qui changera l’avenir positivement. Comme on peut bien agir et mal y réagir ce qui créera du négatif futur. En fin de compte le problème n’est pas tant de faire les bons choix, mais de comment on les vit !

 

Et c’est là que nos rôles entrent en ligne de compte, est-ce nous, ou notre rôle qui choisit ? Comme vous pouvez le voir, quand nous sommes nous, c’est à dire l’expression pleine et entière de notre Soi, il est déjà possible de se compliquer la vie. Mais si à notre Soi, nous ajoutons un des rôles que nous jouons, alors le niveau de complexité augmente carrément d’un cran. C’est de cette façon que nous créons des nœuds intérieurs, qui peuvent être de vraies sources de séparation du Soi, qui conduisent à être coupé en deux (en 3 ou 4…), à être en conflit avec soi-même.

 

Le professionnel que vous êtes rentre à la maison, il n’a pas encore enlevé le costume du professionnel, qu’il doit prendre celui du parent et/ou du conjoint, ça peut vite faire beaucoup, si on oublie d’enlever le premier costume et qu’on superpose ceux qui suivent… Ce qui explique qu’on se noie dans tous ces rôles, qu’on évite de les retirer, pour ne pas les remettre, qu’on ne se voit plus être l’enfant au travail, le professionnel avec son enfant, et le voisin avec son conjoint. Parce que où sommes-nous dans tout ça ? Nous sommes celui qui choisit, qui choisit bien ou mal, mais nous sommes celui qui choisit. Qui choisit de s’oublier, qui choisit de ne pas voir, qui choisit de ne pas prendre le temps, qui choisit de ne faire aucun choix, parfois…

 

Ce qui m’a donné l’idée de cet article, c’est de voir combien d’hommes monoparentaux choisissent d’être des pères avant d’être des hommes auprès de leur nouvelle conquête, c’est à dire que le rôle du père décide de la vie (règle) sentimentale de l’homme. Et ce qui n’est pas certain c’est que l’homme soit bien dans le rôle du père avec l’enfant. Je ne cible pas les hommes plus que les femmes, je dis juste comment ça m’a trotté dans la tête.

 

Enfant, je me souviens d’une mère qui a souvent fait passer son rôle d’entrepreneur et de femme avant celui de mère. Et si l’enfant que j’étais, a pu parfois souffrir de ces priorités, la femme que je suis les comprend et les respecte. Ma mère ne s’est pas sacrifiée pour moi, ce qui m’a permis de ne pas être une enfant roi (sous-entendu le centre du monde de ma mère et du monde tout court) et de ne pas être dans le sacrifice et la dette du sacrifice.

 

Vous savez qu’on fait des sacrifices pour payer ou obtenir quelque chose. Aucun sacrifice n’est gratuit et sans conséquence. Et quand nous sacrifions notre Soi au bénéfice du rôle que nous jouons, nous créons de la dette. Une dette qui va s’accumuler jusqu’à créer un trou, un vide, quelque chose à combler. Ce n’est pas à nous-même que nous allons envoyer la facture, genre toi, le père, tu dois à l’homme X choses…. Non non, le père enverra certainement la facture à l’enfant, le mari à la femme, l’enfant au parent etc… Ces dettes inconscientes que l’on crée et que l’on porte en soi n’existent pas parce que le JE est mauvais, mais parce que le JE n’est pas ; il n’est pas vivant, il n’est pas respecté, il n’est pas la priorité, il n’est plus celui qui décide, parce que les autres rôles ont pris le pas et l’étouffent.

 

Alors je vous invite à voir tous les costumes que vous portez, à en dessiner les contours et les différences, à prendre conscience de leur poids et de leur utilité, afin peut être de faire le ménage, de les rénover, d’en changer, de les redéfinir, de les limiter, mais surtout de ne plus vous y fondre et de vous oublier.

 

Pour être SOI, un adulte accompli, cela commence pas être adulte et malheureusement avoir 18, 35, ou 60 ans n’implique en rien d’être un adulte intérieur. Nous avons l’âge d’un adulte et peut être l’apparence, mais avant d’être un adulte, nous commençons souvent par jouer l’adulte. Nous commençons même avant 18 ans, les enfants adorent jouer aux parents, jouer les adultes, les imiter, ils s’y préparent.

 

Et tant qu’on n’est pas adulte intérieurement, on joue le SOI au lieu d’être Soi. Être Soi c’est cesser tout jeu (JE) de rôle. Et être Soi, en particulier avec les enfants, c’est leur apprendre à être eux-mêmes, à ne pas s’amputer d’une partie de leur être pour l’image et la représentation du rôle. Jouer des rôles, c’est manquer de sincérité avec soi, avant d’en manquer avec les autres. Jouer des rôles nous coupe de Soi et des autres. Et jouer des rôles c’est prendre le risque de se perdre profondément en cours de route.

 

Tombez les masques, retirez vos costumes

et osez vous montrer au monde tel que vous êtes !

 

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