Enfant – Lien étroit entre Addiction aux jeux vidéo et TDAH (Trouble du Déficit de l’Attention avec Hyperactivité)

Partie 2

 

Quand l’enfant qui joue de plus en plus aux jeux vidéo développe un TDAH…

Ou quand l’enfant souffrant de TDAH passe de plus en plus de temps à jouer aux jeux vidéo ?

 

D’après l’extrait ci-dessous, il y aurait un lien entre les enfants souffrant de TDAH et ceux ayant une pratique excessive des jeux vidéo. De nombreux enfants à haut potentiel souffrent de TDAH.

 

Ils existent des comorbidités* potentielles (*superposition de troubles peu ou pas différenciés). C’est à dire que de la même façon qu’il est peu aisé de différencier le haut potentiel du TDA (avec ou sans Hyperactivité), il est peu aisé de différencier le TDAH du comportement excessif de l’enfant vis à vis des jeux vidéo.

 

Ainsi les symptômes se superposent voire se confondent pour n’être l’expression que d’un seul trouble ou de plusieurs.

 

Comme le dit assez bien l’article suivant, on ne saurait dire avec exactitude si c’est le TDAH qui fait que l’enfant est attiré plus que la moyenne, vers les jeux vidéo et un usage excessif, ou si c’est l’usage excessif des jeux vidéo qui provoque la manifestation des symptômes du TDAH chez l’enfant. Excepté dans le cas d’un diagnostic qui démontrerait l’antériorité du TDAH.

 

Extrait de l’article sur le lien entre TDAH et excès des jeux vidéo, de Marie-France Le Heuzey, (Psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent, Hôpital Robert Debré) et de Marie-Christine Mouren (Membre correspondant de l’Académie nationale de médecine) Article du 9 janvier 2012

 

« Les facteurs de risque et/ou les comorbidités

 

De même que la définition et les limites du concept d’addiction aux jeux vidéo ne sont pas clairement établies, il est particulièrement difficile d’identifier les facteurs de risque et les facteurs de protection, les comorbidités, et donc de déterminer si la pratique excessive des jeux est primaire ou secondaire à une autre psychopathologie.

 

Les études publiées tendent aussi à étudier de façon non différenciée les syndromes psychopathologiques identifiés (par exemple trouble déficit de l’attention/ hyperactivité) et les dimensions ou traits de personnalité (par exemple impulsivité ou hostilité). Certaines études ne sont pas spécifiques des jeux vidéo et s’intéressent plus globalement à Internet.

 

Le trouble du déficit de l’attention/hyperactivité

 

Dans l’étude prospective sur deux ans, de Ko, portant sur 2162 adolescents d’âge moyen 12 ans : être un garçon, jouer en ligne, utiliser Internet tous les jours, ou plus de vingt heures par semaine, sont des facteurs de risque pour une addiction.

 

La dépression, le trouble déficit de l’attention /hyperactivité, la phobie sociale et l’hostilité sont des facteurs prédictifs d’addiction dans l’ensemble de l’échantillon et chez les filles. Chez les garçons, seul le TDAH et l’hostilité sont des facteurs de risque.

 

Le lien entre TDAH et internet a été repéré depuis plusieurs années, y compris chez les enfants, mais c’est l’étude de Chan qui a souligné la relation entre TDAH et jeux vidéo.

 

Sur 72 adolescents d’âge moyen 15 ans, il y a plus de symptômes de TDAH et d’inattention chez les adolescents qui jouent plus d’une heure par jour et il existe une corrélation entre la sévérité des symptômes de TDAH (surtout l’inattention) et le temps passé. Néanmoins cette étude ne permet pas de dire si c’est le fait de jouer aux jeux vidéo qui aggrave l’inattention et le TDAH, ou si les adolescents TDAH sont enclins à jouer davantage.

 

Dans les études de Bioulac, comparant enfants hyperactifs à des contrôles, les enfants TDAH ne sont pas différents sur le temps passé et le choix des jeux, mais les TDAH expriment plus de difficultés, en particulier plus de refus, de pleurs, de colères voire de violence quand on leur demande d’arrêter de jouer.

 

Sur 62 enfants TDAH, Han montre l’efficacité du méthylphénidate (psychostimulant) administré sous sa forme OROS pendant huit semaines sur la consommation de jeux vidéos ; cette réduction du temps passé et de l’attitude addictive était corrélée à l’amélioration de scores totaux et des scores d’inattention de l’échelle d’évaluation du TDAH.

 

Cette vulnérabilité de l’enfant TDAH à l’attraction vers les jeux vidéo est sous-tendue par différents mécanismes : la sensibilité à l’ennui et l’impossibilité de différer la récompense sont des particularités des TDAH. Or les jeux vidéo offrent des réponses rapides, des récompenses immédiates, des stimulations variées. La succession d’écrans ne demande pas de gros efforts d’attention et de mémoire de travail, et il n’y a pas besoin d’écrire. Une explication neurobiologique avait même été apportée par Koepp qui avait montré, en imagerie fonctionnelle, une libération de dopamine dans le striatum durant les jeux vidéo qui compenserait le déficit de dopamine des TDAH.

 

Puis Han avait montré que les jeunes avec addiction à Internet avaient une plus grande dépendance à la récompense et une augmentation de prévalence de polymorphismes spécifiques des gènes récepteurs de la dopamine. Notons néanmoins que cette observation a été revisitée par la même équipe pour mettre en garde contre une simplification trop hâtive des données sur la dopamine cérébrale lors des taches comportementales.

 

Mais le lien entre les symptômes du TDAH et l’addiction aux jeux parait bidirectionnel : l’attractivité des jeux pour l’enfant TDAH est importante, mais en retour, les jeux exacerbent les symptômes de TDAH en créant une activité qui renforce continuellement la désinhibition, la rapidité, la recherche de récompense immédiate et l’inattention.

 

En ce sens, pour M. Weiss, les longues heures passées à jouer renforcent et consolident l’enfant dans son inclinaison à être impulsif, hyper réactif et rapide. Et le temps passé à ces jeux empiète sur le temps passé à faire des activités pour améliorer sa mémoire de travail, sa patience, ses fonctions exécutives.

 

Les risques de la télévision sur les capacités attentionnelles, en particulier chez les jeunes enfants ont été soulignés depuis longtemps ; les mêmes risques existent avec les jeux vidéo et comme l’a montré l’étude récente de Swing, l’impact négatif sur l’attention des jeux vidéo existe à tout moment dans l’enfance et aussi à l’adolescence. Le point supplémentaire montré par cette étude est la persistance des difficultés attentionnelles et donc un effet à long terme et cumulatif. Mais en contraste, d’autres travaux ont montré l’intérêt de logiciels inspirés des jeux qui augmentent les capacités attentionnelles.

 

Les troubles de l’humeur

 

Un lien entre dépression et addiction à Internet a toujours été souligné, mais la relation d’une causalité n’a jamais été prouvée. Le modèle de Kraut est intéressant, soulignant que Internet délivre plus de bénéfices chez les sujets bien adaptés, alors que les adolescents dépressifs souffrent davantage des effets délétères d’Internet, créant un cercle vicieux.

 

L’anxiété sociale

 

La disponibilité des espaces virtuels parait être un échappatoire favorable pour les adolescents souffrant de phobie sociale, leur permettant d’échapper au stress du face à face, et risquant de les encourager dans leur fuite du monde réel.

 

Les dimensions de personnalité

 

Dans l’étude française de Schmit, sur 158 adolescents et jeunes adultes d’âge moyen 18 ans, les joueurs dépendants, par rapport aux non dépendants ont un fort sentiment d’appartenance sociale dans la vie virtuelle, mais faible dans la vie réelle, une faible qualité des relations familiales et un fort sentiment de solitude. Leur estime de soi est plus faible et ils souffrent de davantage de symptômes dépressifs.

 

Le devenir

 

L’étude de D.A. Gentile est la première étude prospective chez l’enfant et l’adolescent. Elle porte sur 3034 enfants d’école élémentaire et secondaire à Singapour suivis pendant deux ans ; 83 % jouent au moins occasionnellement ; le temps moyen de jeu est de vingt heures par semaine, 9,9 % sont des joueurs pathologiques. L’étude montre que les joueurs les plus pathologiques le restent deux ans plus tard, alors que seulement 1 % des enfants le deviennent. Pour ces auteurs le jeu pathologique n’est pas une phase transitoire. Les facteurs de risque mis en évidence sont : la plus forte impulsivité, la moins bonne compétence sociale, la faible empathie et la moins bonne régulation émotionnelle, le risque d’aller dans les clubs de jeux. Une fois qu’ils deviennent joueurs pathologiques (30h par semaine), le rendement scolaire baisse, les relations avec les parents se dégradent, et ils s’exposent à des jeux de plus en plus violents. A la fin le niveau de dépression, d’anxiété et de phobie sociale croît. Cette étude montre, selon les auteurs, que le jeu pathologique prédit la survenue d’autres pathologies mentales et d’un plus mauvais fonctionnement en longitudinal. Ils n’ont pas trouvé de facteurs systématiques de protection. »

 

Alors que faire ?

 

Si votre enfant a une pratique excessive des jeux vidéo, il semble opportun de s’assurer qu’il n’a pas de TDAH. Puisque la régulation des jeux vidéo n’exigera pas les mêmes règles de gestion et de mise en place de contrôles/surveillances de l’enfant suivant qu’il a ou non un TDAH.

 

Dans un premier temps vous pouvez évaluer l’usage des jeux vidéo de votre enfant, en répondant au questionnaire suivant :

 

  • Votre enfant joue-t-il presque tous les jours ?
  • Votre enfant joue-t-il longtemps sans s’arrêter (3 à 4h de suite) ?
  • Votre enfant joue-t-il pour « l’excitation » ?
  • Votre enfant est-il agité et irritable quand il ne peut pas jouer ?
  • Votre enfant a-t-il abandonné ses relations sociales ou ses activités au profit des jeux vidéo ?
  • Votre enfant joue-t-il au lieu de faire ses devoirs ?
  • Votre enfant essaye-t-il d’arrêter de jouer sans y parvenir ?
 

S’il y a au moins 4 réponses positives à ces questions, vous pouvez vous alerter sur l’usage de votre enfant des jeux vidéo. Ces questions vous permettent de mieux cibler les problèmes de l’enfant vis à vis des jeux vidéo : le temps de jeu, la fréquence, l’excitation, la scolarité, etc…

 

Et répondre au questionnaire de Conners ci-dessous.

 

Si votre enfant répond positivement à plus de 80% des questions à des niveaux 2 ou 3, alors je vous recommande de faire diagnostiquer votre enfant auprès d’un professionnel afin qu’il soit accompagné correctement dans la gestion de son trouble (TDAH).

 

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